Pourquoi les putois disparaissent-ils en France ?

Les causes du déclin du Putois en France sont multiples. Leurs effets s’additionnent et contribuent nettement au mauvais état de conservation de l’espèce. 
Destruction d'une ripisylve et rectification du cours d'eau - Nathalie de Lacoste
Destruction d'une ripisylve et rectification du cours d'eau - Nathalie de Lacoste

La perte, la dégradation et la fragmentation des habitats

La menace la plus forte qui pèse sur les populations de putois dans le pays est la perte, la dégradation et la fragmentation de ses habitats, particulièrement les zones humides et les milieux bocagers. Les modifications profondes portées sur ces milieux par les activités humaines (intensification de l’agriculture, urbanisation, développement des infrastructures de transports, etc.), telles que la disparition des linéaires de haies, le recalibrage des cours d’eau ou encore le drainage des zones humides constituent des menaces importantes et difficiles à enrayer. Le recul des haies, amorcé avec la diminution de l'élevage de plein air depuis les années 1960 est toujours d’actualité. Cette végétation apporte refuge, alimentation (les proies y sont nombreuses), et facilite le déplacement des individus le long de ces corridors en période de reproduction. En plus d’une perte directe d'habitat, les modifications induites conduisent à sa fragmentation, qui peut localement conduire à la disparition de certaines populations de putois.      

Les collisions routières

En France, le Putois fait partie, avec d’autres Mustélidés, des mammifères les plus touchés par les collisions avec les véhicules de transport : c’est d’ailleurs la première source de données d’observation de l’espèce. La densification des réseaux routiers contribue au déclin des populations proies d’amphibiens, dû à ces mêmes facteurs, mais aussi à l’isolement des populations de putois, qui peut avoir des effets délétères à long terme sur les populations (isolement, consanguinité, etc.).

Putois mort © Meneer Zjeroen
Putois mort © Meneer Zjeroen
Lapin de garenne - JF. Noblet - www.ecologienoblet.fr
Lapin de garenne - JF. Noblet - www.ecologienoblet.fr

Le déclin des populations de proies

Le Lapin de garenne peut localement constituer une ressource alimentaire importante pour le Putois en France. Pourtant encore assez répandue dans le pays, avec des effectifs très importants, cette espèce est aujourd’hui en régression, et a été classée dans la catégorie « Quasi-menacée » sur la Liste rouge des mammifères de métropole de 2017. De la même façon, le déclin généralisé des populations d’amphibiens, lié à celui des zones humides, représente un autre facteur de menace.

La chasse et le piégeage

Si la chasse et surtout le piégeage sont plutôt des causes historiques moins dominantes actuellement par rapport aux autres menaces, ces activités restent des causes de mortalité de l’espèce : chaque année, ce sont plusieurs milliers de putois qui disparaissent. La lutte contre les espèces exotiques dites envahissantes, importées en France par l’Homme, comme le Vison d’Amérique, peut être non sélective, et entraîner une mortalité supplémentaire pour les populations de putois.

Putois piègé - ASPAS
Putois piègé - ASPAS

Les destructions accidentelles liées à la régulation des espèces pouvant causer des dommages aux activités humaines

La lutte contre certaines espèces occasionne indirectement des dégâts sur les populations de putois, à la fois par le piégeage accidentel et la lutte chimique, auxquels s’ajoutent l’expansion d’autres espèces dites exotiques envahissantes, concurrentes pour la nourriture et l’habitat, qui peuvent également entraîner des destructions accidentelles par confusion.

Enfin, d’autres causes, plus marginales, s’ajoutent, notamment certaines pathologies ré-émergentes et très mortelles, comme la maladie de Carré. 
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